Visite du PARC de SCHOPPENWIHR
Visite guidée à travers le parc de Schoppenwihr
Ce bois, se présentant en tant qu’intéressant échantillon des anciennes couvertures silviques devenues rares dans la plaine fertile de l’Alsace, est entouré de surfaces déboisées par l’homme en quête de terres à convertir à d’autres fins. Une de ces dernières, jouxtant sa lisière nord, a été soustraite à l’agriculture courante, pour être convertie en parc au siècle dernier. Deux petits étangs y ont été aménagés par la petite rivière déviée à travers la forêt, ainsi que le » Miroir « , ce plan d’eau rectangulaire dans lequel devait se mirer le château remplaçant l’ancienne gentilhommière, mais disparu à la suite des méfaits de la IIe guerre mondiale. A vrai dire, ce parc, dont une partie du reste est convertie en champs de céréales biologiques, forme une enclave, taillée en guise de clairière dans la forêt, à l’est de l’allée principale, au sud du petit cours d’eau bordé d’aulnes. Nous y admirons un faux cyprès (Chamaecyparis nootkatensis) avec 3 magnifiques chênes pédonculés, qui ont valu à ce coin idyllique le nom de « clairière des chênes Berckheim ». Au-delà du petit pont de l’allée secondaire, après d’autres faux cyprès, nous remarquons quelques vieux chênes d’Amérique ( Quercus borealis ou rubra ), avant d’arriver à la rive occidentale du plus petit des deux étangs cernés naturellement de joncs et de chanvres d’eau ou pieds de loup (Lycopus eurapaeus) Un majestueux sapin Douglas est encadré d’autres sapins exotiques ( sapin baumé-balsamea d’ Amérique aux aiguilles cassantes plus courtes que celles de notre sapin indigène, sapin de Nordmann du Caucase, plus vigoureux que le vosgien, aux aiguilles non disposées dans un même plan – le manque de fruits ne permettait pas une détermination absolument sûre ). Le chemin menant à la grande route est bordé au sud d’un petit érable aux feuilles lacinées (Acer sacharinum ou dasycarpum var. laciniatum). Au nord se trouve le grand étang avec le liquidambar ( styraciflua ) aux feuilles rappelant celles du platane, encadré d’ifs et de chênes y compris le palustre aux feuilles plus petites et plus profondément incisées que chez le chêne rouge mais dont la détermination reste certes douteuse en raison de l’absence de fruits. Au-delà de l’île, après avoir enjambé le petit cours d’eau à la sortie de l’étang, pousse le magnifique cyprès chauve ( Taxodium distichum ) au tronc atteignant près de 5m de circonférence; caractéristiques sont ses racines émettant près des eaux, vers l’air libre des apophyses en forme de pains de sucre appelées « pneumatophores », servant à la respiration. Plus loin, un saule présente des feuilles curieusement entortillées en hélice (Salix matsuadana var. tortuosa). Encore plus loin, sur cette rive occidentale, un jeune aulne glutineux se présente sous sa variété lacinée. Les ifs se présentent sous une race un peu particulière avec leurs feuilles réduites. De nombreux amorphes ou indigos bâtards (Amorpha frutioosa) bordent, en tant qu’arbustes à papillonacées, les rives et l’île. Avant d’aborder l’allée principale à l’ouest, nous relevons encore de grands Thuyas (Occidentalis), originaires de l’Amérique du Nord, un petit Thuya ou Biotia orientalis, qui a la Chine comme patrie, des pins noirs d’Autriche ( Pinus Laricio), des Sumac (Rhus) aux feuilles pennées, alternes, et au suc laiteux. Le Vernis ( Ailanthus altissima ) a également des feuilles alternées, pennées mais facilement reconnaissables à leurs grandes folioles fortement dentées à la base, les intérieures pourvues chacune d’une grosse glande; découvert en Chine par le missionnaire jésuite Incarville, il fut largement introduit pour héberger un ver à soie (Saturna cynthia), qui pourtant n’a pas résisté à notre climat trop rude. Le tulipier (Lirlodendron tulipifera), un noyer à feuilles lacinées (Juglans regla laciniata), quelques petits arbustes de rosacées, un érable, et des sureaux à feuilles lacinées (Sambucus nigra laciniata) s’y ajoutent.
Un imposant genévrier de Virginie passe lui aussi peu inaperçu que le Wellingtonia ( Sequoia giganteas ) et nous remarquons surtout, de l’autre côté de l’allée principale, un proche parent du pin Weymouth avec des aiguilles fasciculées par cinq plus longues : Pinus Griffithii, et bien plus encore l’arbre aux 40 écus (Ginkgo biloba ) : originaire de Chine, il est considéré comme le plus vieil arbre du monde encore conservé vivant, et l’exemplaire du parc de Schoppenwihr est estimé par sa taille, par sa forme et par sa beauté, comme étant le second d’Europe . En face de la maison d’ habitation, devant l’ancienne demeure seigneuriale, se dresse un superbe Sophora japonica, particulièrement décoratif en août quand il porte sa riche parure de fleurs d’un blanc crème, dégageant un parfum bien délicieux. Au-delà du château ruiné et de l’étang du château,avec ses lentilles d’eau et ses potamots crispés , se dressent les majestueux cèdres atlantiques, plus rustiques et d’un port plus régulièrement pyramidal que les cèdres du Liban : parmi eux se trouve un exemplaire de la variété glauque. L’arrière – saison avantage le chêne écarlate ( Quercus coccinea ) dont le feuillage automnal se distingue par la lumineuse coloration rouge – pourpre . Et les propriétaires actuels aiment rappeler un mariage de leur famille, symbolisé en 1850 par la plantation d’un chêne et d’un pin intimement mêlés par leurs troncs assemblés, groupe conservé jusqu’à nos jours.
Le parc de Schoppenwihr, une forêt naturelle doublée d’un jardin , un havre de repos et de paix pour les uns, un objet d’études pour les autres, tout cela aux portes mêmes de Colmar, autant d’atouts pour le doter d’un intérêt tout particulier.
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